Mar 13, 2015

Journée mondiale des droits des consommateurs

Journée mondiale des droits des consommateurs : Pour un contrôle sur la publicité des fast-foods | Defimedia.info


L a Consumer Advocacy Platform réclame, à l’occasion de la Journée mondiale des droits des consommateurs, un contrôle sur les publicités en faveur des aliments malsains, tels que les fast-foods et les boissons sucrées. Ce contrôle pourrait interdire de telles publicités dans un rayon de 100 mètres des institutions primaires et secondaires. cette initiative marque, pour l’organisation, pour un plaidoyer en faveur des consommateurs, la Journée mondiale des droits des consommateurs observée chaque année le 15 mars. Celle-ci mettra l’accent, cette année, sur les droits des consommateurs à une alimentation saine. La CAP, qui observe aussi son premier anniversaire ce 15 mars, demande au ministre de la Santé de soutenir l’initiative de Consumers International (CI).

Celui-ci réunit plus de 220 organisations de consommateurs dans 80 pays, en faveur de l’adoption par l’Organisation mondiale de la santé d’une Convention mondiale pour la protection et la promotion d’une alimentation saine. La deuxième Conférence internationale sur la nutrition (ICN2), organisée par l’Organisation mondiale de la Santé et la FAO, en novembre dernier, mettait l’accent sur la nécessité d’une action coordonnée et une politique cohérente en vue de mettre fin à la malnutrition globale et la sécurité alimentaire.

En prévision de cette conférence, Consumers International, World Obesity Federation, UK Health Forum, ainsi que des organisations de consommateurs des îles Fidji et du Mexique avaient circulé, dans une lettre ouverte, la proposition en faveur d’une Convention globale pour protéger une alimentation saine. Cette initiative avait bénéficié du soutien de plus de 320 experts et organisations. Pour CI, les recommandations en vue d’une telle Convention-cadre reflètent un consensus mondial entre les pays, les spécialistes de la santé publique et les ONG.

Cela, sachant qu’un ensemble complet d’outils politiques est nécessaire pour promouvoir et protéger une alimentation saine. Pour sa part, la World Alliance for Breastfeeding Action (WABA) a exprimé son soutien à l’initiative de CI. Elle estime que cette convention met l’accent en faveur d’une sensibilisation sur l’alimentation, un contrôle renforcé sur la publicité en faveur des aliments malsains et l’étiquetage éthique des produits alimentaires et des boissons. La CAP demande, de plus, au ministère de la Santé, de démarrer de nouvelles consultations en vue d’apporter des amendements à la Food Act.

Cela, pour renforcer ou mettre à jour les provisions sur l’étiquetage nutritionnel. L’organisation demande aussi au ministre de la Protection des consommateurs d’offrir à la Legal Metrology Division du ministère du Commerce, plus de moyens en vue d’exercer une surveillance renforcée sur les indications sur les emballages de produits alimentaires. La CAP a relevé, entre autres, de nombreuses indications, notamment sur les boissons sucrées, qui sont en violation de cette loi.

Promouvoir le droit à une alimentation saine
Àelle seule, l’obésité coûte environ 2 000 milliards de dollars par an, ou 2,8 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit l’équivalent du coût économique mondial du tabagisme ou des violences de guerre. L’obésité ne touche pas que les pays riches. Les maladies liées à l’alimentation, telles que le cancer, les problèmes cardio-vasculaires et le diabète, augmentent bien plus rapidement dans les économies en développement. L’obésité est devenue une épidémie.

Les organisations de consommateurs, à travers le monde, soulignent la nécessité d’une transformation globale de la façon dont les gens se nourrissent. Tous les consommateurs ont non seulement le droit à l’alimentation, mais aussi à une alimentation saine. Les maladies et handicaps prématurés causés par des pathologies liées à l’alimentation appauvrissent les familles, réduisent la productivité et provoquent la faillite des systèmes de santé. L’offre d’aliments sains est de plus en plus affectée par la disponibilité, l’accessibilité et le prix des produits alimentaires transformés, à teneur élevée en graisses, en sucre et en sel. Ces produits sont abondamment vantés et commercialisés aux dépens d’aliments plus sains et nutritifs ou des produits locaux.

La Consumer Advocacy Platform (CAP) soutient la démarche de Consumers International (CI), en faveur d’une Convention mondiale pour la protection et la promotion d’une alimentation saine. Elle en a fait sa priorité. L’invitation au ministre de la Santé à soutenir l’initiative de CI à la prochaine Assemblée mondiale de la santé, figure en première position des propositions de la CAP au gouvernement. L’adoption de la Convention-cadre sur le Contrôle du Tabac, dix ans de cela, a été un moment décisif dans la lutte contre le tabagisme sur le plan mondial.

Elle est la preuve de ce qui peut être réalisé quand les décideurs se serrent les coudes pour un objectif sanitaire public. C’est pour cela que l’organisation internationale des consommateurs a choisi, pour la prochaine Journée mondiale des droits des consommateurs, de faire campagne en faveur d’une Convention-cadre disposant du même mécanisme dont dispose celui sur le contrôle du tabac. Ensemble nous pouvons vaincre la malbouffe et promouvoir une nation saine.

Daya Goburdhun, de l’UoM : « Un effort multisectoriel pour éduquer les consommateurs »

La Journée mondiale des droits des consommateurs est axée sur la promotion et la protection d’une alimentation saine. Dans cette optique, Consom’ Action a interrogé Dayawatee Goburdhun, Associate Professor, à l’Université de Maurice (UoM).


Consom’ Action : Quel regard portez-vous sur les habitudes alimentaires des Mauriciens ?
Maurice vit une transition nutritionnelle, un phénomène observé dans les pays en plein développement. Celle-ci peut être décrite par le changement d’une alimentation monotone, mais riche en amidon et fibres, faible en gras. Mais aussi, d’une vie physiquement active à une alimentation plus diversifiée, mais riche en sucres, en graisses animales saturées et en aliments transformés, faible en fruits, légumes et fibres et à un mode vie sédentaire.

Cette transition alimentaire est malheureusement préjudiciable à la santé, ce type d’alimentation étant à l’origine de nombreuses pathologies comme l’obésité et diverses maladies cardio-vasculaires par exemple. Les Mauriciens passent moins de temps en cuisine, même s’il y a toujours cet attachement aux trois repas traditionnels. L’alimentation de rue et la restauration hors du domicile sont très communs. D’après les études du ministère de la Santé et de la Qualité de la vie, ces dernières décennies ont vu une augmentation de la consommation de lipides, de produits transformés, des sucres simples.

Parallèlement, il y a eu une augmentation de personnes en surpoids ou souffrant d’obésité, de diabète, d’hypertension et de maladies cardio-vasculaires. Plusieurs études associent ces maladies en partie à une mauvaise alimentation. D’après une récente étude menée par l’Université de Cambridge, Maurice a été classée quatrième sur 197 pays à travers le monde, sur la consommation des fruits et des légumes. Par contre, le National Action Plan du ministère de la Santé rapporte que 30.7 % des enfants entre 5-11 ans et 38.4 % des adolescents entre 12-19 ans ne consomment pas de fruit quotidiennement.

> La taxe sur les boissons sucrées ne semble pas avoir l’effet escompté ? Quelle est votre opinion sur ce sujet ?
Dans une perspective de santé publique, la mise en place d’une taxe sur les boissons sucrées est motivée par deux objectifs. Premièrement, pour inciter les consommateurs à en réduire la consommation. Et, en second lieu, elle consiste à générer des revenus des taxes qui pourraient être utilisées pour financer des initiatives de promotion de saines habitudes alimentaires et même pour traiter les maladies associées au surpoids et à l’obésité.

Sans doute, la taxe a dû réduire la consommation. L’idée de taxer les boissons gazeuses pour lutter contre l’obésité paraît intéressante, mais elle n’est toutefois pas LA solution. L’interdiction de vente des boissons gazeuses dans des établissements scolaires est une très bonne chose. On ne sait pas avec certitude si la hausse du prix des boissons sucrées ou cette interdiction encourage les consommateurs à remplacer leur boisson gazeuse par un jus qui est meilleur pour la santé. De plus, ces mesures peuvent encourager les consommateurs à se tourner inconsciemment vers des substituts contenant davantage de calories. Les entreprises redéploient les stratégies de marketing pour pallier à la baisse des ventes. Néanmoins, je pense que cette taxe a probablement des effets bénéfiques sur la santé publique, surtout en envoyant un message fort à la population.

> Comment évaluez-vous les diverses campagnes d’éducation visant à promouvoir une alimentation saine ?
Le ministère de la Santé mène plusieurs campagnes d’éducation (des causeries, démonstrations, distributions de pamphlets, programmes à la radio et à la télé) pour aider les gens à développer de bonnes habitudes alimentaires. Idem pour le ministère d’Éducation, qui a revu son curriculum pour intégrer la formation sur l’alimentation dans ses manuels scolaires. Les journaux parlent de l’alimentation saine. Même si les campagnes de prévention et d’information ne cessent de nous rappeler l’importance de bien manger, on mange plus et mal et on dépense moins d’énergie.

Où se situe le problème ? Je me référerai à la Charte d’Ottawa de 1986, qui préconise une action intégrée à travers cinq axes. Primo, l’élaboration de politiques favorables à la santé ; secundo , la création d’environnements favorables ; tertio, le renforcement de l’action communautaire ; quarto, l’acquisition d’aptitudes individuelles, et quinto, la réorientation des services de santé. Il faut mettre sur pied une campagne médiatique stratégique bien ciblée sur une alimentation saine et l’activité physique. Un effort multisectoriel conjointement avec d’autres ministères et le secteur privé. Il nous faut une approche éducationnelle qui responsabilise les consommateurs pour qu’ils prennent conscience et choisissent eux-mêmes de ne pas consommer des produits néfastes à la santé.

> Êtes-vous en faveur de l’interdiction de la publicité faisant la promotion des fast-foods ?
Wikipedia définit le fast-food – restauration rapide – comme étant un mode de restauration, dont le but est de faire gagner du temps au client en lui permettant d’emporter rapidement les plats commandés. Cela, pour un prix généralement moindre que dans la restauration traditionnelle. Les fast-foods sont très souvent associés à la malbouffe, à une mauvaise alimentation. C’est mondialement connu que les fast-foods sont, en général, trop riches en gras, sucre et sel, additifs et pauvres en fibres végétales. Le paradoxe du fast-food est qu’il a mauvaise image, mais connaît un véritable succès.

Selon un rapport sur «La publicité alimentaire destinée aux enfants», plusieurs études médicales ont établi une relation entre écoute de la télévision et obésité. Cela, dû à l’inactivité qu’elle comporte, du « grignotage » qui l’accompagne souvent, mais aussi en raison de l’incitation à consommer des aliments sucrés et des boissons gazeuses. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la publicité en faveur des produits alimentaires a des effets sur les choix du consommateur et influence ses habitudes alimentaires. Dans sa stratégie, l’OMS recommande que les publicités pour les aliments et les boissons ne doivent pas exploiter l’inexpérience ou la crédulité des enfants.

De nombreux pays espèrent introduire des restrictions strictes sur la publicité en faveur des fast-foods; il y a des demandes souvent publiques en vue de minimiser leur promotion. Pourquoi pas à Maurice où le taux des maladies non-transmissibles est alarmant ? Un règlement sur la publicité visant les fast-foods fera partie de l’action intégrée vers une alimentation saine. Les autorités doivent travailler avec les associations de consommateurs et avec le secteur privé (y compris le secteur de la publicité) afin d’élaborer des approches multisectorielles appropriées pour s’occuper de la question de la commercialisation et la publicité des aliments.

> Quelle est, selon vous, la responsabilité de l’industrie alimentaire dans la promotion d’une alimentation saine ?
La fourniture d’aliments sains et nutritifs est une responsabilité partagée par chaque maillon de la chaîne alimentaire. Notre pays possède une industrie alimentaire, petite et grande, qui joue un rôle important dans la promotion d’une alimentation saine. Les objectifs principaux de l’industrie alimentaire sont de vendre, de réaliser un bénéfice et de mieux faire que les concurrents. Mais les faits sont là : les maladies liées à une mauvaise alimentation rongent la société. On mange mal.

Cela présente une opportunité pour le secteur d’innover en termes d’ingrédients, de méthodes de production, de l’emballage, de l’étiquetage. Par exemple, l’industrie laitière a répondu au souhait des autorités et de la population de réduire leur apport de graisses et de calories en mettant sur le marché davantage de lait écrémé, des produits sans sucre ajouté. Les consommateurs ont répondu favorablement à cette démarche. Idem pour les produits complets, par exemple farine et pain complet. On peut réduire le taux de sel dans les produits transformés, revoir la quantité et qualité de la matière grasse utilisée. Il peut parrainer des campagnes pour la promotion des habitudes alimentaires saines.

> Comment voyez-vous l’initiative des organisations de consommateurs visant à faire adopter par l’OMS une Convention mondiale pour promouvoir et protéger une alimentation saine ?
Je comprends que la Convention se base sur le travail des Nations unies en matière de lutte contre l’obésité et les maladies non transmissibles. Les organisations non gouvernementales, des gouvernements et des professionnels de la santé publique ont été consultes et prêteront main-forte aux autres mesures prises pour promouvoir une alimentation saine.







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