Le limon de Rodrigues pour parfumer autre chose que les achards. Qui sait? Il pourrait un jour devenir une essence pour parfumeur de luxe. Des travaux sont en cours au Centre IDP à Socota. C’est ce qu’a indiqué la présidente de la République, qui est à la base une scientifique. C’était le vendredi 3 juin à la Résidence de France. Ameenah Gurib-Fakim y donnait une conférence sur le thème Plantes et parfums.
«Le limon de Rodrigues a un très gros potentiel de labellisation.» Parmi les raisons pouvant motiver l’obtention de l’appellation d’origine contrôlée: «Si vous plantez des limons de Rodrigues à Maurice, vous n’avez pas le même produit. C’est un produit qui est propre à Rodrigues.»
Avant d’occuper le château du Réduit, Ameenah Gurib-Fakim, chimiste de formation, a mis un terme à une longue carrière à l’université de Maurice pour diriger le Centre international de développement pharmaceutique (CIDP), basé dans les locaux de l’ancienne usine de Socota, à Phoenix.
À la présidente de la République de confier à l’assistance: «La science est entre parenthèses pour moi en ce moment.» En souriant, elle a ajouté: «Il faut enlever la deuxième parenthèse pour avancer. Quand j’ai quitté l’université pour Socota, c’était pour donner une orientation commerciale à des recherches commencées depuis la fac.»
«Les graines du limon de Rodrigues contiennent des molécules très demandées en cosmétique, car c’est un composant anti-âge.»
L’intervenante a également raconté que lors d’un séjour dans l’île autonome, l’année dernière, «je leur ai dit qu’avec leur produit, ils pouvaient en faire trois autres». Bien sûr, les achards emblématiques de Rodrigues. «Mais ils peuvent aussi en faire des huiles essentielles. Par ailleurs, les graines du limon de Rodrigues contiennent des molécules très demandées en cosmétique, car c’est un composantanti-âge. Sans oublier l’eau florale, qui entre dans la composition des jus, entre autres.» La présidente-pédagogue n’a pas manqué de souligner que l’estimation de la production annuelle de limons à Rodrigues est de six tonnes, «dont deux qui finissent dans les poubelles parce qu’ils n’ont pas les moyens de développer le produit».
Critique, Ameenah Gurib-Fakim est d’avis qu’il n’est pas possible de demander aux agriculteurs de produire s’il n’y a pas de marché. «C’est là où le bât blesse, la filière n’existe pas. Il y a une masse de connaissances qui existe et qu’il faut valoriser. Évidemment, on ne peut pas commencer avec l’huileet finir avec les parfums. Chacun son métier. C’est ce positionnement qui va déterminer la valeur ajoutée du produit. Quand vous regardez le budget d’un parfum, on parle d’au moins 100 millions d’euros.»
Le limon de Rodrigues y est cultivé depuis plus de 300 ans, a indiqué pour sa part Jean-Louis Roule, directeur général du CIDP. Il pousse dans un sol à la fois volcanique et calcaire. C’est un limon qui n’est pas traité chimiquement. L’isolement de Rodrigues lui permet aussi de conserver ses caractéristiques génétiques.
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