L’université de Maurice (UoM) célèbre actuellement ses 50 années d’existence. Pour marquer le coup, elle a prévu toute une série d’activités, allant de dons de sang aux causeries. Si elle se retrouve souvent au centre de polémiques diverses et variées, l’UoM a indéniablement marqué de son empreinte l’île Maurice moderne. Bien plus qu’un endroit où l’on dispense des cours académiques, cet établissement a aidé à développer la région de Réduit. Cinq décennies après sa création, nous sommes allés à la rencontre de ceux qui l’ont connu à ses modestes débuts. Et en avons profité pour flâner sur le campus, histoire de se mêler aux «zeness» mais aussi aux anciens qui partagent son quotidien.
Bassin Soldat
En dépassant la State House, en direction de l’autoroute, se trouve un «ravin», du côté gauche. Des pentes vertigineuses sur lesquelles poussent des buissons permettent de rejoindre le Bassin Soldat, lieu que fréquentent assidûment des étudiants de l’UoM. Le «fencing», qui a été posé par mesure de sécurité, a été savamment tailladé. Selon des habitants du quartier, des jeunes qui n’ont pas froid aux yeux accèdent au Bassin Soldat à travers cette fente. Là, coupés du reste du monde, les étudiants passent du bon temps entre amis ou en amoureux.
Ton Gam et Prem Roti
Ce sont deux figures incontournables pour ceux qui fréquentent le campus universitaire. Soopaya Naicken, 84 ans, plus connu comme Ton Gam, a passé toute sa vie à Réduit. Il était parmi les premiers à ouvrir une boutique à cet endroit. En ce vendredi après-midi, Saneklall Luchun, 71 ans, surnommé Prem Roti, lui tient compagnie sous la véranda de la boutique. «Lontan ti ena bwa tousala. Ti ena lakaz lapay, lakaz tol», se remémore Ton Gam. Son ami, lui, soutient qu’il est l’un des premiers marchands de «roti» de l’île. C’est en 1968, après son mariage, qu’il est venu s’installer à Réduit. Les deux hommes ne mâchent pas leurs mots : «Ti ena enn bel diferans ant etidian lontan ek aster. Avan, zot ti plis konsantre dan letid.»
Ton Gam tient à préciser que «tou etidian inn pass dan mo lame. Ena inn vinn gran gran dimounn». Prem Roti souligne qu’il y a même d’anciens étudiants, qui sont partis à l’étranger, qui viennent lui rendre visite lors de leur passage au pays.
Bassin Canard
Situé aux abords de l’autoroute qui mène vers la capitale, à deux pas du campus universitaire, Bassin Canard est un «landmark», un lieu incontournable fréquenté par plusieurs générations d’étudiants. Les sacs à dos traînant dans l’herbe laissent à croire que la tradition perdurera pendant des années encore…
Cascade
Pour y accéder, il est préférable d’enfiler ses baskets et de ne pas avoir peur d’avaler quelques bornes. En effet, c’est en empruntant le sentier qui conduit à une ferme agricole que l’on accède au lieu-dit Cascade. Il s’agit en fait d’un pont, d’où l’on peut apercevoir une cascade et sa rivière en contrebas. De nombreux étudiants s’y rendent régulièrement, pour se prélasser dans l’herbe ou s’installer sur les gros rochers à proximité… L’endroit étant considéré comme étant dangereux, une barrière métallique y a été érigée.
Seeven Seenyen, propriétaire du D & D Snack
Au menu : sept cari, vindu… Seeven Seenyen est le propriétaire de D&D Snack, sis en face du campus. Cela fait dix ans qu’il tient ce snack, toujours bondé, où les mets authentiquement mauriciens attirent non seulement les étudiants mais aussi des gens qui travaillent dans les parages. «Il y a d’anciens étudiants de l’UoM qui viennent manger chez moi. J’ai toujours entretenu une bonne relation avec eux, j’en ai aidé beaucoup, surtout ceux qui n’avaient pas les moyens de se payer un repas», confie Seeven Seenyen. Toutefois, fait-il valoir, la «mentalité» et les moeurs ont beaucoup évolué. «Maintenant, les étudiants ont plus de moyens. Ils sont plus extrovertis, plus développés.»
Raja Veerapen, «Monsieur Binding»
Le jour de la soumission des dissertations, il y a foule chez Raja Veerapen. Pour cause, il tient une boutique située à côté de l’arrêt d’autobus et propose également de faire des photocopies et du «binding». Cela fait 23 ans qu’il est au service des élèves de l’UoM. «J’ai été parmi les premiers à proposer ce genre de service. Avant, il n’y avait pas autant de bâtiments. L’Engineering Tower n’existait pas.» Comme lui, de nombreux habitants de Réduit louent une partie de leur maison à des étrangers. «J’ai fait construire des étages additionnels que je loue à des étudiants qui viennent de l’extérieur, surtout des Rodriguais», dit celui qui a visiblement le sens des affaires.
Mamou
Toujours souriant, accueillant : Sonan Soubron, alias Mamou, est gérant de la boutique Coopératives. Cela fait 32 ans qu’il côtoie les étudiants de l’UoM, ayant repris le flambeau après son père. « Nous entretenons d’excellentes relations. Partout où je vais, les anciens étudiants me reconnaissent et m’aident. Dans le domaine médical ou financier, dans la fonction publique…»
No comments:
Post a Comment